Baseball
Le baseball se joue à l'aide d'une balle et d'un bâton entre deux équipes de neuf joueurs qui alternent au bâton et au champ. Le but du jeu est de marquer des points en faisant avancer les joueurs dans le sens contraire des aiguilles d'une montre autour de 4 buts espacés de 90 pieds (27,5 m). Les jeux de balle et bâton sont issus de rituels religieux anciens célébrant le retour du printemps, et on les retrouve tout au long de l'histoire. En Amérique du Nord, le jeu dérive des rounders (jeux de balle au camp) anglais. En Nouvelle-Angleterre, les rounders prennent la forme d'un sport régional populaire appelé townball, qui se pratique dans le cadre de rencontres publiques au début du XIXe siècle.
Ces formes de jeu non réglementées donnent naissance à deux variantes du baseball, chacune ayant ses propres règles écrites de jeu et structures d'équipes. Les deux formes de jeu se disputent la faveur du public jusqu'à la guerre de Sécession. Le « jeu du Massachusetts » ressemble le plus au townball avec 10 à 14 hommes au champ. On s'adonne à une variante de ce jeu à Beachville (Ontario), le 4 juin 1838, à l'occasion d'une fête soulignant la victoire de l'armée sur les insurgés en 1837. Il s'agit là du premier match du genre jamais rapporté par écrit au Canada. Alexander Cartwright et son club, les New York Knickerbockers, introduisent sept ans plus tard le « jeu de New York », qui compte neuf hommes sur le terrain.
La région du Sud-Ouest de l'Ontario est associée de très près aux débuts du baseball organisé au Canada. La première équipe canadienne, les Young Canadians de Hamilton, est formée en avril 1854. William Shuttleworth, le greffier municipal, contribue à l'essor du club. Les Burlingtons de Hamilton (1855) et les clubs de London (1856) et de St. Thomas (1858) comptent parmi les premiers clubs. Les règles du jeu du Massachusetts ont alors la préférence, mais celles du jeu de New York sont introduites à Hamilton en 1859. La popularité du jeu à neuf joueurs aux États-Unis et le début, en 1860, de compétitions internationales, où Bufallo l'emporte sur Burlington, contribuent à répandre rapidement le sport en Ontario.
En 1863, les Young Canadians de Woodstock s'attribuent eux-mêmes une balle d'argent, qui deviendra le trophée annuel remis aux champions canadiens. Le club de Woodstock est composé de sept joueurs d'origine ontarienne qui ont divers métiers. En 1864, ils s'inclinent devant les Atlantics de Brooklyn, les champions américains, lors d'un tournoi à Rochester (New York). En 1867, les clubs de Woodstock, Hamilton et Ingersoll participent à un tournoi mondial de baseball à Détroit (Michigan) et Ingersoll remporte le championnat junior.
Vers 1868, de fortes primes en argent incitent certains clubs à adopter le statut semi-professionnel qui permet aux joueurs de se partager les sommes gagnées. En 1869, les Maple Leafs de Guelph détrônent l'équipe de Woodstock, championne canadienne. L'équipe de Guelph est la première à engager des professionnels des États-Unis qui, jumelés à des Canadiens comme le lanceur étoile William Smith, remportent le championnat mondial semi-professionnel à Watertown (New York) en 1874.
En 1876, George Sleeman, président du club de Guelph, et Harry Gorman fondent la première ligue canadienne qui regroupe alors les clubs de Kingston, de Toronto, d'Hamilton, de Guelph et de London. L'engagement de Fred Goldsmith, premier lanceur de balle courbe, et de cinq autres professionnels a sans doute été déterminant dans la victoire des Tecumsehs de London contre les champions canadiens de Guelph. La même année, plusieurs grandes villes américaines forment leur propre ligue nationale dans le but de monopoliser les meilleurs joueurs.
En 1877, un certain nombre de villes industrielles de moindre importance fondent, à des fins de réforme, l'Association internationale. London et Guelph s'affilient à la nouvelle association et les Tecumsehs remportent le premier championnat en battant les Alleghenys de Pittsburgh. London, qui se dissocie de la ligue nationale à cause des restrictions imposées sur les matchs contre des équipes non membres, est seul club canadien à concourir en 1878.
Des difficultés financières mènent les Tecumsehs à la faillite à la mi-saison. En 1885, la formation d'une autre ligue canadienne en Ontario donne au baseball organisé les lignes directrices dont il a besoin. La décision qu'a prise Toronto de joindre les rangs de la ligue mineure américaine en 1886 marque la fin de l'indépendance du baseball professionnel en Ontario, car les équipes ontariennes sont désormais à la merci des intérêts des organisations de la ligue majeure américaine.
Le baseball gagne en popularité dans d'autres coins du pays. En 1865, un règlement adopté par la ville de Montréal interdit de jouer au baseball dans les parcs et les endroits publics. Le sport se répand aussi dans les Maritimes par la Nouvelle-Angleterre. D'ailleurs, le premier joueur d'origine canadienne à joindre les rangs d'une ligue majeure est William Phillips, de Saint-Jean (Nouveau-Brunswick), qui jouera pour Cleveland en 1879.
Dans l'Ouest canadien, une forme rudimentaire de baseball se pratique à Red River dans les années 1840, mais il faut attendre 1874 pour voir apparaître, à Winnipeg, la version moderne. L'essor du baseball est lié à celui du chemin de fer, et un grand nombre de ses premiers promoteurs sont associés à des entreprises qui ont intérêt à voir les joueurs et les partisans se déplacer par train. Au XIXe siècle, des cheminots et même un futur premier ministre de la Saskatchewan, Walter SCOTT, comptent parmi les adeptes du baseball amateur.
Les joueurs professionnels américains ont contribué à populariser le baseball de même que des Canadiens de l'Est, dont James Ross, membre de l'équipe de baseball amateur de London en 1877. Ross amène le jeu dans l'Ouest, où il exploite un ranch. Il deviendra plus tard sénateur. Vers 1904, le baseball soulève tellement d'enthousiasme au Yukon qu'on organise un championnat international de deux matchs, remporté par Whitehorse contre Skagway (Alaska). En 1907, la Ligue canadienne de l'Ouest, organisation mineure de baseball professionnel, est formée en Alberta et, deux ans plus tard, des équipes de la Saskatchewan et du Manitoba joignent ses rangs. Au cours de sa courte existence, la ligue connaît des problèmes financiers comme tant d'autres organisations mineures de sport professionnel au Canada.
La Cape Breton Colliery League regroupe les villes minières de la Nouvelle-Écosse et réussi à survivre comme ligue mineure officielle de 1937 à 1939. Au Québec, la Ligue provinciale, parfois considérée hors-la-loi parce qu'elle est indépendante des ligues majeures de baseball, durera de 1935 jusqu'au début des années 60. C'est dans cette ligue qu'évolueront Roland Gladu et Jean-Pierre Roy, vedettes canadiennes-françaises.
Les équipes de Toronto et de Montréal font partie de la Ligue internationale, une ligue mineure renommée, pendant 78 et 55 ans respectivement. Montréal jouit d'une bonne réputation dans le monde du baseball et, parmi les propriétaires de l'équipe, on compte l'étoile canadienne de baseball « Tip » O'NEILL et Charles Trudeau, père du futur premier ministre du Canada.
En 1946, Jackie Robinson se joint aux Royaux de Montréal et devient le premier joueur noir du baseball professionnel moderne. Favori des foules, il mène son équipe au championnat de la ligue mineure. Une nouvelle ère débute en 1969 avec l'arrivée du baseball majeur à Montréal.
En 1977, les EXPOS DE MONTRÉAL quittent le parc Jarry pour s'installer au Stade olympique où ils attirent plus de deux millions de spectateurs en une seule saison. La même année, une deuxième concession canadienne voit le jour lorsque les BLUE JAYS DE TORONTO se joignent à la Ligue américaine. Avec plus de six millions de spectateurs au cours des quatre premières saisons, ils établissent un record d'assistance. En 1987, ils enregistrent plusieurs autres records d'assistance pour une équipes des ligues majeures : 2 778 459 fans pour les matchs à domicile et 1 959 280 fans pour les matchs à l'étranger, ainsi qu'un record d'assistance pour l'ensemble des matchs à domicile et des matchs à l'étranger.
En 1989, les Blue Jays troquent l'Exhibition Stadium pour le SkyDome situé au centre-ville de Toronto. La saison 1990, première année complète au SkyDome, ils attirent plus de quatre millions de spectateurs à leurs matchs à domicile, un record de tous les temps. Champions de leur division à cinq reprises, les Blue Jays connaissent leur plus grand succès en 1992 et 1993 en devenant la première équipe du Canada à remporter les séries mondiales et la première équipe, depuis les victoires des Yankees en 1976 et 1977, à gagner les séries deux fois consécutives.
Au Canada, le baseball amateur est encadré par diverses organisations locales et provinciales comme, par exemple, l'Ontario Baseball Association fondée à Hamilton en 1918. Sur le plan national, la Fédération canadienne de baseball amateur (Baseball Canada) encadre les équipes amateurs, offre des programmes de formation aux entraîneurs et aux arbitres et organise les championnats canadiens.
En 1991, le Canada compte plus de 250 000 joueurs amateurs, des catégories moustique à senior, inscrits à la fédération (en 1981, on en comptait 115 000). Cette croissance se reflète dans le Programme national de développement qui permet aux meilleurs joueurs de s'entraîner sérieusement en vue de participer aux compétitions internationales et aux Olympiques. D'ailleurs, plusieurs joueurs de calibre des ligues majeures ont fait partie du programme, dont Larry Walker (joueur le plus utile à son équipe en 1997) et Kevin Reimer.
Dans les années 90, près de 15 Canadiens jouent dans les ligues majeures (il n'y en avait que 4 en 1987). Jusqu'à présent, plus de 150 Canadiens ont fait partie des ligues majeures. Parmi ceux-là, citons Ferguson JENKINS qui, en 1991, est admis au Temple de la renommée du Baseball de Cooperstown (New York), le plus grand honneur que peut recevoir un joueur. En 1997, Larry Walker est en tête de la Ligue nationale avec 49 circuits, il est deuxième avec une moyenne de 0,366 et troisième avec 130 points produits. Il est nommé le joueur le plus utile à son équipe.
Le baseball demeure le sport national aux États-Unis et sa popularité, au Canada, s'étend sur plusieurs générations en plus d'embrasser les sociétés bien différentes du XIXe et du XXe siècle. En 1983, on inaugure le Temple de la renommée du baseball canadien, situé à Exhibition Place (Toronto). Parmi les joueurs qui y ont été admis, on retrouve Phil MARCHILDON, George « Mooney » GIBSON, Ferguson Jenkins, John Hiller, Reggie Cleveland, Claude RAYMOND, Bob EMSLIE et Charles BRONFMAN.
Softball (balle molle)
Au softball, variante du baseball, la balle est plus grosse et lancée par en dessous. Le jeu se pratique sous deux formes au Canada : la balle rapide, où le lancer est accéléré, et la balle lente, où le lancer s'effectue selon un arc de cercle. Le softball est d'abord une forme de baseball intérieur pratiqué aux États-Unis dans les années 1890. En peu de temps, le jeu se répand au Canada et fait des adeptes chez les hommes comme chez les femmes en tant qu'activité de plein air. L'Ontario Amateur Softball Association, formée en 1923, est la première organisation du genre. Depuis, le softball a été adopté dans le monde entier. Les Canadiens l'ont introduit en Hollande pendant la Deuxième Guerre mondiale.
En 1949, les Tip Top Tailors de Toronto gagnent le championnat nord-américain à Little Rock (Arkansas). En 1972, l'équipe canadienne des Richmond Hill Dynes de l'Ontario remporte le championnat masculin à Manille et, en 1976, une autre équipe canadienne, la Victoria Bate Construction de la Colombie-Britannique, partage le titre mondial masculin avec celles des États-Unis et de la Nouvelle-Zélande au tournoi de la Nouvelle-Zélande. En 1987, une équipe canadienne remporte la médaille d'or aux Jeux panaméricains et se qualifie pour les Olympiques de 1988.
Le softball est encadré par des organisations locales et provinciales. De son côté, l'Association canadienne de softball amateur (Softball Canada) assure la coordination sur le plan national et est responsable de sept tournois nationaux annuels. Au Canada, plus de 567 000 hommes et femmes pratiquent le softball dans près de 40 000 équipes.