Samuel de Champlain, cartographe, explorateur, administrateur colonial, auteur (né vers 1567 à Brouage, en France; décédé le 25 décembre 1635 à Québec). Connu comme le «Père de la Nouvelle-France», Samuel de Champlain joue un rôle central dans l’établissement et les débuts de cette colonie, de 1603 à 1635. On lui attribue également la fondation de la ville de Québec en 1608, ainsi que l’exploration de la côte atlantique (en Acadie), de l’intérieur du Canada ainsi que la région des Grands Lacs. Contribuant en outre à la fondation de colonies françaises en Acadie et à Trois-Rivières, il établit des relations amicales et des alliances avec divers groupes des Premières Nations, dont les Montagnais, les Hurons, les Odawas et les Népissingues. Pendant de nombreuses années, Samuel de Champlain demeure le principal responsable de l’administration de la colonie de la Nouvelle-France. En plus de nombreuses cartes d’Amérique du Nord, il publie quatre ouvrages au cours de sa vie, seuls témoignages écrits de la Nouvelle-France du début du 17e siècle.
Jeunesse et carrière
Il n’existe aucun portrait authentique de Champlain et on connaît très peu de choses au sujet de ses antécédents familiaux ou de sa jeunesse. Il est possible qu’il ait été baptisé en tant que protestant. Toutefois, on sait avec certitude que, dès 1603, il est catholique.
En 1613, il écrit qu’il s’intéresse « dès [son] plus jeune âge à l’art de la navigation ainsi qu’aux océans ». Au moment d’entamer la vingtaine, il a déjà navigué dans les mers d’Espagne, des Caraïbes et d’Amérique du Sud. Bien que Bref Discours, le récit de ces voyages, lui soit attribué, lui-même n’en fait jamais mention.
Premiers voyages au Canada
En 1603, ne possédant aucun titre officiel, Samuel de Champlain se rend au Canada pour la première fois, remontant le fleuve Saint-Laurent lors d’un voyage en compagnie de François Gravé du Pont. De retour en France, il en publie le récit, intitulé Des Sauvages, ou, Voyage de Samuel Champlain. Il s’agit de la première description détaillée du Saint-Laurent depuis les explorations de Jacques Cartier. Dans les décennies suivant le passage de ce dernier, les Algonquins se sont établis dans la région autrefois occupée par les Iroquois. À Tadoussac et ailleurs dans la vallée laurentienne, les Français côtoient alors surtout les Montagnais, les Algonquins, les Malécites et les Mi’kmaq.
En 1604, Samuel de Champlain se rend en Acadie en compagnie de Pierre Dugua de Mons, qui projette d’y établir une colonie française. Il ne détient aucun poste de commande ni dans les colonies acadiennes à Sainte-Croix ni à Port-Royal (de nos jours Annapolis Royal, en Nouvelle-Écosse). En qualité de cartographe, il est chargé d’explorer la côte en vue de trouver un emplacement de colonisation idéal. Il doit du même coup agir comme diplomate auprès des peuples autochtones que Pierre Dugua de Mons veut mieux connaître.
Par deux fois, en 1605 et l’année suivante, il explore le littoral de ce qui est aujourd’hui la Nouvelle-Angleterre, et se rend aussi loin au sud que Cape Cod. En 1608, choisissant le Saint-Laurent au détriment de l’Acadie, Pierre Dugua de Mons envoie Samuel de Champlain fonder une colonie à Québec, d’où le commerce des fourrures avec les Premières Nations pourra plus facilement être contrôlé.
Fondation de Québec
En 1608, Pierre Dugua de Mons nomme Samuel de Champlain comme son lieutenant; c’est son premier titre officiel. Le 13 avril 1608, Samuel de Champlain quitte la France à bord du Don de Dieu. Il atteint Tadoussac le 3 juin. Il reprend ensuite sa route vers le haut du Saint-Laurent et arrive au Cap Diamant le 3 juillet. Samuel de Champlain écrira plus tard : « J’ai cherché un endroit convenable pour notre établissement, mais je n’en ai pas trouvé de plus commode ni de mieux situé que la pointe de Québec. »
Samuel de Champlain met ses hommes au travail pour abattre des arbres et scier les billes en planches. Ils creusent des fossés et construisent un entrepôt et une cave. L’établissement comprend trois autres bâtiments principaux; ces structures à deux étages sont les quartiers d’habitation des hommes. Une galerie fait le tour de l’extérieur des bâtiments au deuxième étage. L’établissement est protégé par des fossés, des palissades et des canons.
Avant que les travaux ne soient terminés, Samuel de Champlain doit réprimer une mutinerie menée par le serrurier Jean Duval. Le plan est d’assassiner Samuel de Champlain et de remettre le fort « aux Basques ou aux Espagnols, alors à Tadoussac ». L’un des hommes, cependant, change d’avis et le dit à Samuel de Champlain, qui arrête les conspirateurs. Jean Duval est exécuté et sa tête est plantée sur une pique en guise d’avertissement. Les autres sont envoyés en France.
Après la crise, les travaux reprennent. Les terres sont défrichées et plantées de blé et de seigle d’hiver. Malgré leurs préparatifs, les hommes souffrent cet hiver-là d’un grave scorbut. Seize des 25 hommes meurent, dont le chirurgien.
Samuel de Champlain et les quelques survivants reçoivent de nouvelles provisions en avril 1609. En juin, il part en expédition, accompagné de deux Français et d’un groupe de Wendat (Hurons), d’Algonquins et de Montagnais. Le groupe atteint un grand lac, qui sera nommé en son honneur. (Voirlac Champlain.) Fin juillet, il rencontre un groupe de Haudenosaunee (Iroquois) à Ticonderoga. Selon l’historien Marcel Trudel, Samuel de Champlain tue deux hommes au cours de l’affrontement. Peu de temps après, il s’embarque pour la France, laissant à Pierre Chavin le commandement de Québec. Samuel de Champlain revient au printemps suivant.
Samuel de Champlain s’engage à positionner Québec au centre d’une puissante colonie. Il se heurte toutefois à l’opposition des diverses compagnies marchandes qui l’emploient, pour lesquelles il est plus rentable de s’affairer exclusivement au commerce des fourrures. Dans le cadre d’un rapport de 1618, il expose les grandes lignes des possibilités commerciales, industrielles et agricoles de Québec. Son rêve semble bien près de se réaliser lorsqu’en 1627 est fondée la Compagnie des Cent-Associés. En 1628, cependant, les frères Kirke prennent le contrôle, au nom de la couronne d’Angleterre, de Tadoussac, du cap Tourmente et de Québec. La capitale de la jeune colonie de la Nouvelle-France est également prise par les Anglais en 1629. Fait prisonnier, Samuel de Champlain est expédié en Angleterre. Québec, et lui-même, sont rendus aux Français en vertu du Traité de Saint-Germain en 1632.
Nommé lieutenant par le cardinal Richelieu, Samuel de Champlain retourne en 1633 à Québec, où il peut constater les débuts prometteurs de la colonie. Paralysé à l’automne 1635 par un accident vasculaire cérébral, il meurt quelques mois plus tard le jour de Noël. Il se peut que sa dépouille, ensevelie sous la chapelle Champlain jouxtant l’église Notre-Dame-de-la-Recouvrance, repose aujourd’hui sous la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec.
Relations avec les peuples autochtones
Samuel de Champlain jette les bases d’un vaste réseau commercial en formant et en consolidant des alliances avec les Montagnais du Saint-Laurent, les nations de la rivière des Outaouais et les Hurons des Grands Lacs. Ces alliances l’obligent à soutenir ses alliés dans leurs guerres contre les Iroquois, dont le territoire se trouve au sud du lac Ontario et dans l’actuel État de New York. Il participe aux campagnes militaires en 1609 (sur le lac Champlain), 1610 (près de Sorel) et 1615 (en territoire iroquois). Blessé lors de la troisième expédition, il est contraint de passer l’hiver 1615-1616 en Huronie. Il en profite toutefois pour explorer cette région qui borde le lac Huron. Il établit également des relations cordiales avec d’autres nations, notamment les Odawas et les Népissingues (voir aussi Relations entre les Autochtones et les Français.)
Écrits de Champlain
Champlain a laissé quantité d’écrits, qui racontent essentiellement ses périples. Les éditions les plus importantes de son travail sont celles préparées par C.H. Laverdière (1870) ainsi que l’édition bilingue de H.P. Biggar (1922-1936). Les œuvres de Champlain constituent le seul compte rendu de la Nouvelle-France au début du 17e siècle. En tant que géographe et « artiste » (comme l’affirme un document d’époque), il illustre ses récits de nombreuses cartes, dont la plus importante et la dernière est celle de 1632. Elle inclut une liste de noms d’endroits que l’on ne trouve pas sur la carte. De plus, elle est accompagnée d’explications non publiées, et détaille tout ce qu’on connaissait de l’Amérique du Nord à l’époque.
Voir aussi: Chronologie de Samuel de Champlain; Exploration; Chronologie de l’exploration; Littérature de langue anglaise sur les explorations; Littérature de langue française sur les explorations et les voyages; Histoire de la cartographie au Canada; mer de Champlain; lac Champlain.