L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a été fondée le 4 avril 1949. Il s’agissait de la première alliance militaire en temps de paix pour le Canada. Le pays s’est ainsi engagé dans un dispositif militaire défensif regroupant les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Europe de l’Ouest. (Les neuf autres nations fondatrices sont la France, la Norvège, le Danemark, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, le Portugal et l’Italie.) Pendant la Guerre froide, les forces de l’OTAN ont assuré une dissuasion de première ligne contre l’Union soviétique et ses États satellites. Plus récemment, l’organisation a poursuivi la paix et la sécurité mondiales tout en affirmant les intérêts stratégiques de ses membres dans la campagne contre le terrorisme islamique. En 2021, l’OTAN comptait 30 pays membres.
Avènement de la Guerre froide
En 1947, au début de la Guerre froide et dans la foulée de la Deuxième Guerre mondiale, l’Union soviétique (URSS) crée une zone tampon en Europe de l’Est pour se séparer du reste de l’Europe. Elle atteint son objectif en poursuivant une politique militaire expansionniste agressive sur le plan interne et axée sur la subversion à l’étranger. Elle impose ainsi sa volonté à l’Allemagne de l’Est, à la Pologne et à d’autres nations situées le long de la frontière soviétique. Cette situation suscite de nombreuses inquiétudes à Ottawa et dans d’autres capitales occidentales. On appréhende réellement que la France ou l’Italie deviennent communistes et s’allient aux Soviétiques.
Le problème est d’autant plus complexe qu’Ottawa perçoit une certaine recrudescence de l’isolationnisme des États-Unis. En effet, le Congrès hésite à assumer des responsabilités internationales que la France et la Grande-Bretagne, affaiblies par la Deuxième Guerre mondiale, ne peuvent plus endosser. La solution semble résider dans la mise en place d’un dispositif d’alliance défensive qui réunirait les démocraties de part et d’autre de l’Atlantique. Ce faisant, on protégerait l’Europe de l’Ouest d’une attaque éventuelle tout en engageant entièrement les États-Unis sur la scène internationale.
Ottawa voit un avantage additionnel à un tel dispositif : le resserrement des liens commerciaux entre tous ses partenaires entraînerait des retombées économiques éventuelles. (Voir Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce.)
Fondation
C’est Escott Reid, qui, le premier, expose publiquement ces préoccupations au cours de la conférence de Couchiching le 13 août 1947. Reid est alors fonctionnaire au ministère des Affaires extérieures (devenu Affaires mondiales Canada). D’autres Canadiens, y compris le ministre pour qui Reid travaille, Louis Saint-Laurent, s’emparent de l’idée. Bientôt, elle fait l’objet de discussions à Washington et à Londres. Des pourparlers secrets s’engagent alors entre les Britanniques, les Américains et les Canadiens, qui aboutissent à des négociations officielles en vue d’une alliance élargie vers la fin de 1948. À ce moment-là, Louis Saint-Laurent est premier ministre.
Le Canada y est représenté par Hume Wrong, ambassadeur aux États-Unis, homme d’un réalisme à toute épreuve. Wrong est convaincu qu’un traité doit être uniquement fondé sur des objectifs de défense, position que partagent les autres participants. Une disposition soutenant le souhait d’Ottawa d’établir des liens économiques (une idée défendue par Reid et le nouveau ministre des Affaires étrangères du Canada, Lester Pearson) est incluse dans le traité, mais elle n’a guère été mise en pratique.
Le traité est signé le 4 avril 1949. Il inclut alors 12 nations : le Canada, les États-Unis, l’Islande, l’Angleterre, la France, la Norvège, le Danemark, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, le Portugal et l’Italie. Au cœur du traité se trouve la disposition de sécurité collective de l’article 5, selon laquelle « une attaque armée contre un ou plusieurs d’entre eux en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque contre eux tous ».
La Corée et l’Europe
Jusqu’à la guerre de Corée, l’OTAN demeure pratiquement une alliance sur papier. Ce conflit amène les États membres de l’OTAN, dont plusieurs se battent déjà en Corée sous la bannière des Nations Unies, à multiplier leurs forces. Au Canada, il entraîne deux répercussions importantes : un immense accroissement du budget et, éventuellement, un retour des troupes en Europe.
Au milieu des années 1950, environ 10 000 soldats canadiens sont stationnés en France et en Allemagne de l’Ouest. Ils comprennent un groupe de brigade d’infanterie et une division aérienne. La contribution canadienne est modeste par rapport à celle des plus grands membres de l’OTAN, mais sa qualité est largement considérée comme inégalée. En 1955, l’Allemagne de l’Ouest réarmée est également admise comme membre de l’OTAN.
À la fin des années 1960, les coûts élevés de la défense, ainsi que l’équipement des avions à réaction et d’autres forces canadiennes avec des armes nucléaires fournies par les États-Unis, alimentent les critiques à l’intérieur du pays sur le rôle du Canada dans l’OTAN et sa prétendue soumission à la politique américaine. En 1966, la France s’est retirée de la structure militaire de l’OTAN, tout en restant membre de l’alliance.
Le gouvernement du premier ministre Pierre Trudeau considère d’emboîter le pas à la France et de désengager le Canada. À la suite d’un examen approfondi de la politique étrangère en 1969, il décide de sabrer la participation canadienne en diminuant les effectifs aériens et ceux de l’armée de terre. La contribution en armes et en effectifs fournie par le Canada à l’alliance, demeure nettement inférieure aux attentes des autres partenaires de l’OTAN.
Après la Guerre froide
Avec la fin de la Guerre froide vers le début des années 1990, les forces canadiennes qui restent en Europe sont ramenées au bercail. L’OTAN subit ensuite une transformation, passant d’une défense collective contre l’Union soviétique à des responsabilités plus larges de sécurité et de coopération au service de la paix. Le Canada milite en faveur de cette réforme et de cet élargissement de l’OTAN, faisant valoir que l’organisation incarnerait ainsi les idéaux qui gouvernaient sa fondation.
L’une des premières crises auxquelles l’OTAN est confrontée dans cette nouvelle ère est l’éclatement de la Yougoslavie au début des années 1990. Cet éclatement entraîne une guerre civile et des combats sectaires dans les Balkans. L’OTAN devient un partenaire des diverses interventions des Nations Unies dans la région. La frontière entre maintien de la paix et lutte contre la guerre s’estompe. En 1995, les avions de l’OTAN commencent à bombarder les zones de Bosnie-Herzégovine occupées par les Serbes dans le cadre de l’opération Deliberate Force. En 1999, les forces de l’OTAN (y compris les avions de combat canadiens) lancent une campagne aérienne de 78 jours pour mettre fin au nettoyage ethnique au Kosovo et évincer le dirigeant serbe Slobodan Milosevic. (Voir Casques bleus canadiens dans les Balkans.) En 2001, l’OTAN est également intervenue en Macédoine.
Tout au long de cette période, le Canada envoie des milliers de militaires dans la région au sein des forces de l’OTAN et de l’ONU; 23 membres des Forces canadiennes meurent lors de missions dans les Balkans. La fin de la Guerre froide marque également l’unification de l’Allemagne. En 1999, l’OTAN admet la Pologne, la République tchèque et la Hongrie – trois nations autrefois sous contrôle soviétique.
Lutte antiterrorisme
Les priorités des alliés évoluent au gré des événements internationaux. Pour la première fois de son histoire, ay lendemain de l’attaque terroriste du 11 septembre 2001 contre Washington, D.C. et New York, l’OTAN se prévaut de l’article 5 de sa charte, connu sous le nom de l’article sur la défense collective.
Les États-Unis envahissent ensuite l’Afghanistan en octobre 2001, parce que son gouvernement abrite Oussama ben Laden. En 2003, l’OTAN prend la direction de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS). Il s’agit d’une force mandatée par les Nations Unies qui s’est développée pour inclure plus de 40 membres et non membres de l’OTAN. La force est d’abord chargée de sécuriser Kaboul, puis d’autres parties de l’Afghanistan. C’est la première fois que l’OTAN entreprend une mission aussi loin de l’Europe.
Les forces canadiennes combattent en Afghanistan dès le début, au moment de l’invasion de 2001. En 2003, plus de 700 soldats canadiens sous le commandement de la FIAS assurent la sécurité à Kaboul. En 2006, un groupement tactique de l’armée canadienne combat sous l’égide de la FIAS dans la région de Kandahar. La plupart des forces canadiennes ont quitté le pays en 2014; à ce moment-là, 158 Canadiens étaient morts en Afghanistan.
En 2011, le Canada envoie des avions de chasse en Libye dans le cadre de l’opération de bombardement de l’OTAN contre le régime de Moammar Kadhafi.
Expansion
Au Sommet de l’ONU à Prague, les 21 et 22 novembre 2002, les nations membres s’entendent sur de nouvelles modifications à apporter au pacte pour qu’il demeure un élément central des mécanismes de défense des membres. Dans cette lancée, les alliés s’engagent à inviter d’autres pays à devenir membres de l’organisation, à améliorer les relations avec les pays partenaires de l’OTAN et à renforcer les capacités du pacte.
En 2021, les pays membres de l’OTAN sont passés à 30. En plus des 12 nations fondatrices, les membres sont, en ordre chronologique : la Grèce et la Turquie (1952); l’Allemagne (1955); l’Espagne (1982); la République tchèque, la Hongrie et la Pologne (1999); la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie (2004); l’Albanie et la Croatie (2009); Monténégro (2017); et la Macédoine du Nord (2020).
Le Canada a participé à toutes les missions de l’OTAN depuis la création de l’alliance. Dans les dernières années, le Canada a financé environ 5,9 % du budget de l’OTAN.
Voir aussi Le Canada et la Guerre froide; NORAD; Moyenne puissance; Politique de défense.