La musique autochtone | l'Encyclopédie Canadienne

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La musique autochtone

Les Autochtones (Premières nations, Inuits, Métis) qui vivent sur le territoire actuel du Canada possèdent différentes traditions culturelles qui se reflètent dans la variété de leurs genres et styles musicaux.


Chez les Autochtones du Canada, la musique est généralement perçue comme faisant partie intégrante de la vie quotidienne et des croyances spirituelles. La diversité des modes de vie et de la musique autochtones au Canada a été établie par des chercheurs qui ont essayé de classifier les différents peuples en fonction de leur « région culturelle », tout comme ils l'ont fait pour la musique produite par les gens de chaque région. Les peuples autochtones ont leurs propres traditions musicales, répertoires et interprétations. En revanche, de nouveaux genres sont apparus, ont traversé les frontières et sont joués par des musiciens autochtones de toute l'Amérique du Nord. Généralement, cette musique traditionnelle autochtone est surtout vocale, avec des tambours, des crécelles et des flûtes employés comme des instruments traditionnels. De plus, les musiciens autochtones ont été influencés par les autres types de musique et ont souvent adopté d'autres styles musicaux (par exemple, la musique country ou la musique pop) et d'autres instruments (des guitares ou des violons).

La musique traditionnelle

Malgré diverses influences provenant d'autres cultures, la plupart des groupes autochtones du Canada ont conservé des traditions musicales propres à leur nation. La musique traditionnelle est souvent répartie entre musique sociale et musique de cérémonie. Cette distinction dépend aussi souvent du contexte d'exécution, public ou privé. La musique sociale est surtout constituée de chants accompagnés de tambours et de crécelles, qui sont exécutés en même temps que des danses stylisées effectuées lors de célébrations ou de rassemblements, dont certains sont intimement liés aux traditions de la communauté. La musique de cérémonie, telle que celle des chants qui accompagnent les sueries, la danse du Soleil ou la cérémonie de Midewiwin, est aussi surtout constituée de musique vocale accompagnée d'instruments de percussion, et certains chants sont réservés aux moments particuliers d'une cérémonie et ne peuvent pas être interprétés dans un autre contexte. La musique de cérémonie est considérée comme sacrée et n’est donc généralement pas exécutée dans un contexte inapproprié ou pour un usage public.

La plupart des airs des cultures autochtones proviennent de deux sources : soit ils ont été créés ou composés par un individu, soit ils ont été « reçus » pendant un rêve ou une vision. Typiquement, ces chants font l'objet d'une transmission orale, même si la technologie d'enregistrement et la prolifération des albums produits commercialement ont beaucoup changé les modes traditionnels de partage des chants et ont accéléré la transmission de la musique et des traditions entre les divers groupes autochtones.

Les chants sont souvent courts, mais peuvent être répétés plusieurs fois de suite au cours d'une même prestation. Les styles d'interprétation varient selon les chanteurs et les préférences des différentes nations. En général, les chants n'ont qu'une seule ligne mélodique chantée par une personne ou par un groupe simultanément, et on attribue souvent des rôles particuliers aux hommes et aux femmes. Ces chants sont écrits en langue autochtone, en anglais ou en français. Ils sont parfois simplement constitués de vocalisations (syllabes ne correspondant à aucun mot) ou encore d'un mélange de texte et de vocalisations. Ils ont leur propre raison d'être et possèdent une signification particulière; ils doivent donc être interprétés dans un contexte spécifique.

Les tambours, les crécelles et les flûtes utilisés dans la musique traditionnelle sont souvent fabriqués à la main avec des matériaux trouvés dans l'environnement local, soit d'origine animale ou végétale, tels que des graines de semence ou des pépins. Les instruments étant souvent considérés comme des objets animés, ils sont traités avec respect et il n'est pas rare qu'on leur offre des plantes médicinales. De plus, pendant leur fabrication, on doit parfois accomplir certains rituels et on les décore souvent d'images et de couleurs symboliques.

La musique traditionnelle est jouée pour les personnes de la communauté tandis que les pow-wow et les festivals, au programme desquels figurent de la musique, des danses et d’autres activités traditionnelles autochtones, sont ouverts au public non autochtone. Ces manifestations peuvent offrir de la musique, des danses et des vêtements stylisés ainsi que des activités traditionnelles particulières à la communauté hôte.

Les pow-wow communautaires se déroulent principalement durant les fins de semaine d'été, et les gens font la tournée des pow-wow pour participer et rendre visite à leur famille et à leurs amis. Des pow-wow sont organisés toute l’année dans les centres urbains, par des établissements d’enseignement ou des organisations autochtones urbaines. Les pow-wow ont une signification symbolique et, souvent, des cérémonies et des danses spéciales commémorent des individus ou expriment le respect des coutumes. La musique, les danses et les vêtements portés par les danseurs sont stylisés et continuent à évoluer, avec de nouveaux chants et de nouveaux éléments chorégraphiques qui y sont ajoutés chaque été. Les mélodies sont en général interprétées par les hommes, qui s'assoient en rond et battent la cadence à l'unisson sur de gros tambours couchés sur le côté et sont soutenus par les femmes qui jouent le rôle de choristes. Les chants sont brefs, mais répétés quatre fois ou plus avec des entrées qui se chevauchent et qui donnent l'impression d'un son continu d'une répétition à l'autre. Ils débutent souvent sur les notes les plus élevées du registre des chanteurs et évoluent vers les notes plus basses pendant toute leur durée. Les motifs rythmiques sont étroitement liés aux pas de danse et se répartissent en trois catégories : une cadence stable, un motif long-court ou une cadence stable alternant avec des trémolos.

La musique contemporaine

La musique créée par les différentes communautés autochtones est aussi diverse que les membres de ces communautés et elle est très appréciée par les amateurs de divers genres musicaux. Beaucoup de musiciens autochtones ont été influencés par la musique non autochtone. Ils créent leurs propres œuvres dans d’autres styles et genres musicaux. Ils incorporent parfois des paroles, des histoires ainsi que des parties instrumentales ou chantées qui reflètent leurs racines autochtones. Parfois encore, ils créent des morceaux qui n’ont pas de caractère autochtone. La reconnaissance des genres musicaux populaires autochtones a coïncidé avec la plus grande sensibilisation des non-autochtones aux enjeux sociaux touchant les communautés autochtones au cours des années 1960 et 1970.

De nombreux auteurs-compositeurs-interprètes ou chanteurs tels que Buffy Sainte-Marie, Kashtin, Tom Jackson, Robbie Robertson, Susan Aglukark, Don Francks, Don Ross, Leela Gilday, Derek Miller, Kinnie Starr, Fara Palmer, Wab Kinew, Tanya Tagaq, A Tribe Called Red et bien d'autres ont été très bien accueillis par les publics autochtones et non-autochtones. Les musiciens autochtones sont parvenus à percer dans une multitude de genres (country, western, folk, rock, blues, jazz, hip hop et électro). De même, de nombreux musiciens mènent une belle carrière dans le monde des arts musicaux, un des plus célèbres d’entre eux étant le chef d’orchestre et activiste John Kim Bell.

Tanya Tagaq, une interprète inuite de chant guttural originaire de Ikaluktuutiak (Cambridge Bay, Nunavut) a gagné le prix de musique Polaris en 2014 pour son album Animism, qui combine son style traditionnel de chant guttural à d’autres modes musicaux. L’album est ouvertement politique. Sa chanson « Fracking » est censée imiter les dommages environnementaux causés par la fracturation hydraulique, ciblant ainsi l’industrie et ses partisans.

Institutions et soutien financier

À partir du milieu des années 1970, diverses organisations du Canada se lancent dans les technologies de la communication et sont à l'origine de programmations autochtones originales. Grâce à l'aide reçue de la part des communautés autochtones elles-mêmes et de leurs auditoires, et au financement gouvernemental, des communautés un peu partout au Canada ouvrent des stations de radio et diffusent une programmation originale autochtone mettant en valeur la musique et la culture autochtones. La programmation de stations possédées et exploitées par des Autochtones, telles que CKRZ 100,3 FM à Brantford, en Ontario, met en vedette des musiciens issus de leur communauté aussi bien que d'autres régions d'Amérique du Nord.

Dans les années 1990, la musique autochtone évolue encore avec la création de studios d'enregistrement et de publications musicales possédés et exploités par des Autochtones. Ces studios, entre autres Sweetgrass Records, Arbor Records et Sunshine Records, enregistrent, promeuvent et distribuent la musique autochtone. Ils produisent des albums de genres différents, depuis la musique autochtone traditionnelle et contemporaine à la musique pop, en passant par le rap, le country et le blues. Plusieurs publications traitent également de la scène musicale autochtone, notamment Aboriginal Voices ainsi que de nombreux journaux régionaux ou propres à une nation particulière, tels que le Anishnabek News en Ontario et l'Alberta Sweetgrass (vois aussi Médias des autochtones).

En 1998, Native Communications Incorporated (NCI), une station de radio publique au Manitoba, commence à diffuser une sélection des 10 meilleurs morceaux de musique (Top 10) du moment interprétés par des artistes autochtones. En 1999, l’émission occupe une heure entière et diffuse de la musique autochtone provenant de toute l’Amérique du Nord. En 2000, on lui accorde une tranche de deux heures et le programme devient The National Aboriginal Top Thirty Countdown. Le programme est diffusé à l’échelle nationale à partir de 2008, lorsque la Western Association of Aboriginal Broadcasters (WAAB) est créée pour unifier les intérêts de tous les radiodiffuseurs autochtones provinciaux. En 2010, le programme est rebaptisé The National Aboriginal Music Countdown. La sélection inclut alors les 40 œuvres musicales autochtones recueillant le plus de succès en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande (Top 40). Un site Web est créé pour publier les listes en ligne, mises à jour chaque semaine.

Plusieurs événements annuels nationaux sont organisés. Ils mettent en avant les divers genres musicaux contemporains interprétés par les Autochtones d’un bout à l’autre du Canada. L’Indigeneous Music Awards (IMA), anciennement l’Aboriginal Peoples Choice Music Awards, met en avant la vitalité, l'importance et la popularité de la musique autochtone au Canada. Ces prix permettent de reconnaître la variété des genres dans lesquels s'illustrent les artistes, mais aussi les producteurs et les concepteurs d'enregistrements. La Semaine de la musique autochtone, qui se tient tous les ans à Winnipeg depuis 2009, est un festival de musique d’été qui présente des artistes métis, inuits et autochtones venus interpréter des œuvres couvrant une vaste gamme de genres musicaux.

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