Les écureuils sont des rongeurs de la grande famille des Sciuridés, qui comprend des espèces telles que le tamia, le spermophile et la marmotte. On recense environ 285 espèces d’écureuils dans le monde, répartis en Amérique du Nord et du Sud, en Eurasie et en Afrique. Le Canada compte 23 espèces, toutes indigènes. Parmi celles-ci, six sont des écureuils arboricoles (dont deux sont des polatouches, des écureuils volants) et 17 sont des écureuils terrestres (dont sept sont des spermophiles, cinq des tamias, quatre des marmottes et un est un chien de prairie). Les écureuils sont étroitement liés aux castors des montagnes et aux loirs (sous-ordre des Sciuromorphes).
Espèces d’écureuils au Canada
Nom commun |
Nom scientifique |
Provinces et territoires |
Écureuil roux |
Tamiasciurus hudsonicus |
T.-N.-L., N.-É., N.-B., Î.-P.-É., QC, ON, MB, SK, AB, C.-B., YK, T.N.-O., NU |
Spermophile arctique |
Urocitellus parryii |
MB, SK, C.-B., YK, T.N.-O., NU |
Chien-de-prairie à queue noire |
Cynomys ludovicianus |
SK |
Spermophile à mante dorée des Cascades |
Callospermophilus saturatus |
C.-B. |
Spermophile du Columbia |
Urocitellus columbianus |
AB, C.-B. |
Écureuil de Douglas |
Tamiasciurus douglasii |
C.-B. |
Tamia rayé ou suisse |
Tamias striatus |
T.-N.-L., N.-É., N.-B., Î.-P.-É., QC, ON, MB, SK |
Écureuil gris |
Sciurus carolinensis |
N.-É., N.-B., QC, ON, MB, SK, AB, C.-B. |
Écureuil fauve |
Sciurus niger |
ON, MB, SK, C.-B. |
Spermophile de Franklin |
Poliocitellus franklinii |
ON, MB, SK, AB |
Spermophile à mante dorée ou spermophile à mante rayée |
Callospermophilus lateralis |
AB, C.-B. |
Marmotte commune |
Marmota monax |
T.-N.-L., N.-É., N.-B., QC, ON, MB, SK, AB, C.-B., YK, T.N.-O. |
Marmotte des Rocheuses |
Marmota caligata |
AB, C.-B., YK, T.N.-O. |
Tamia mineur |
Neotamias minimus |
ON, MB, SK, AB, C.-B., YK, T.N.-O. |
Grand polatouche |
Glaucomys sabrinus |
T.-N.-L., N.-É., N.-B., Î.-P.-É., QC, ON, MB, SK, AB, C.-B., YK, T.N.-O., NU |
Tamia à queue rousse |
Neotamias ruficaudus |
AB, C.-B. |
Spermophile de Richardson |
Urocitellus richardsonii |
MB, SK, AB |
Petit polatouche |
Glaucomys volans |
N.-É., N.-B., QC, ON |
Spermophile rayé |
Ictidomys tridecemlineatus |
MB, SK, AB |
Tamia de Townsend |
Neotamias townsendii |
C.-B. |
Marmotte à ventre jaune |
Marmota flaviventris |
SK, AB, C.-B. |
Tamia amène |
Neotamias amoenus |
AB, C.-B. |
Marmotte de l’île de Vancouver |
Marmota vancouverensis |
C.-B. |
Description
Les écureuils sont des rongeurs terrestres de taille petite à moyenne. Tous les écureuils ont quatre doigts sur les pattes avant et cinq doigts sur les pattes arrière.
Les écureuils arboricoles se caractérisent par une queue touffue, qui joue un rôle crucial dans la communication, et par de petites pattes. Contrairement à la plupart des mammifères, ils peuvent descendre des arbres la tête la première. Pour ce faire, ils font pivoter leurs chevilles de 180 degrés, ce qui permet à leurs pattes arrière de pointer vers l’arrière de l’arbre et de s’agripper ainsi à l’écorce dans la direction opposée. Les polatouches, un sous-ensemble des écureuils arboricoles, ont un pli cutané le long de leurs flancs reliant leurs pattes avant à leurs pattes arrière. Cette membrane leur permet de planer entre les arbres. Les polatouches sont également les seules espèces d’écureuils nocturnes au Canada. Les écureuils arboricoles demeurent actifs toute l’année et n’hibernent pas. Ils construisent souvent des nids dans les arbres.
Les espèces terrestres ont généralement une queue moins touffue et des pattes arrière plus robustes. Les spermophiles et les tamias sont connus pour leur habileté à transporter de la nourriture dans des abajoues internes. On a trouvé des tamias rayés avec six châtaignes dans leurs abajoues ou jusqu’à 31 grains de maïs. Les écureuils terrestres présentent également une grande variété de tailles, le plus grand étant la marmotte des Rocheuses, qui mesure 80 cm de long et pèse 6 kg, et le plus petit étant le tamia mineur, qui ne fait que 22 cm et 50 g. Les écureuils terrestres hibernent habituellement ou entrent en torpeur pendant l’hiver et creusent des terriers pour s’abriter et stocker de la nourriture. Certains spermophiles, comme le chien-de-prairie à queue noire, peuvent être très sociaux et vivre en colonies.
Le saviez-vous?
L’écureuil noir, comme on l’appelle souvent, n’est pas une espèce d’écureuil à proprement parler. En fait, les écureuils noirs sont simplement la forme mélanique des écureuils gris et des écureuils fauves, c’est-à-dire qu’ils ont de plus grandes quantités de mélanine dans leur pelage comparativement aux individus plus gris de la même espèce.
Distribution et habitat
On trouve des écureuils partout au Canada. Certaines espèces, comme l’écureuil roux, sont répandues dans les forêts boréales et mixtes de l’ensemble des provinces et territoires. D’autres, comme la marmotte de l’île de Vancouver, ne sont présentes que dans des endroits très restreints et précis.
Différentes espèces d’écureuils prospèrent dans différents habitats, allant des forêts boréales aux forêts feuillues, en passant par les prairies, les montagnes, les régions arctiques et même les paysages urbains. Les écureuils peuvent même avoir des domaines vitaux variables. Le domaine vital des spermophiles peut s’étendre de 0,6 à 4 hectares. Celui des tamias rayés varie entre 100 m2 et 1 hectare, selon la disponibilité de la nourriture.
Le saviez-vous?
L’une des espèces d’écureuils présentes au Canada, la marmotte de l’île de Vancouver, est endémique au Canada, c’est-à-dire qu’elle ne se trouve qu’au Canada. Cette marmotte est en danger critique d’extinction, avec seulement 250 individus à l’état sauvage en 2021.
Reproduction et développement
Au Canada, la plupart des espèces d’écureuils se reproduisent une fois l’an, le moment exact étant propre à l’espèce et même à l’environnement. L’écureuil gris et l’écureuil roux, par exemple, ont deux saisons de reproduction, l’une en hiver et l’autre en été, ce qui donne naissance à une progéniture au printemps ou à l’automne. Lorsque la nourriture est très abondante, comme lors d’une année semencière, une femelle peut se reproduire pendant les deux saisons de reproduction. De nombreux écureuils semblent également capables de prédire ces années de semence et d’accélérer la reproduction en prévision de cette abondance de nourriture.
Le saviez-vous?
De nombreuses espèces d’arbres (p. ex., le hêtre, l’érable et l’épinette) synchronisent leur production de graines au cours de ce que l’on appelle une année semencière, afin d’inonder l’écosystème d’une telle quantité de graines que leurs prédateurs ne peuvent pas toutes les manger et que certaines d’entre elles parviennent à germer. Ces années de semence peuvent se produire tous les ans ou tous les deux ans, comme pour les hêtres et les érables du sud du Québec, ou tous les trois à sept ans, comme pour l’épinette blanche au Yukon.
Plusieurs espèces d’écureuils, comme l’écureuil gris, l’écureuil roux et le tamia rayé, ont un système d’accouplement reposant sur la compétition d’exploitation. Dans un tel système, l’œstrus d’une femelle donné dure une journée au cours de laquelle les mâles la poursuivent et rivalisent entre eux pour s’assurer la possibilité de s’accoupler avec elle. Les mâles peuvent parcourir de longues distances pour participer à ces poursuites d’accouplement.
D’autres espèces, comme les spermophiles plus sociaux, peuvent plutôt instaurer une hiérarchie entre les mâles et le droit de s’accoupler au terme de combats de lutte.
La gestation dure généralement de 24 à 44 jours et les portées comptent en moyenne trois à huit petits, selon l’espèce. À la naissance, les petits sont dépourvus de poils et peu développés, mais leur croissance est rapide.
Diète et prédation
Les écureuils sont essentiellement herbivores, se nourrissant surtout de végétation riche, de noix, de graines, de bulbes et de bourgeons. Cependant, la plupart des écureuils mangent volontiers des insectes, des œufs, des petits oiseaux et des petits mammifères.
Les écureuils accumulent et cachent de la nourriture pour plus tard. Certaines espèces, comme l’écureuil gris et l’écureuil fauve, sont des accumulateurs disséminateurs. Ils enterrent les graines et les noix tout autour de leur domaine vital. D’autres, comme l’écureuil roux, sont des accumulateurs garde-manger. Ils cachent des cônes et d’autres aliments dans des monticules sur leur territoire. Cette cache centrale de bonne taille devient un amas visible de restes de nourriture jetés.
Les écureuils sont la proie de la plupart des prédateurs de moyenne et grande taille des régions qu’ils habitent. Bien qu’ils soient très rapides, ils peuvent constituer une part importante du régime alimentaire des renards, des lynx, des mustélidés, des serpents à sonnette et de nombreux oiseaux de proie. Dans certaines régions, les écureuils, en particulier les spermophiles, sont également chassés par l’homme.
Importance écologique et relation avec les humains
De nombreux écureuils jouent un rôle très important dans leur écosystème. Les écureuils gris et les écureuils roux sont des régénérateurs naturels des forêts essentiels sur le plan écologique. En enterrant ou en stockant des graines dans la forêt, qu’ils reviennent rarement manger, ils plantent d’innombrables arbres chaque année, aidant ainsi la forêt à se régénérer. Quant aux spermophiles, ils jouent un rôle essentiel dans l’aération du sol en le fouissant, prévenant ainsi le compactage et favorisant la croissance des plantes.
Les villes empiétant sur les espaces naturels, de nombreuses espèces d’écureuils, notamment l’écureuil gris, ont appris à prospérer dans les environnements urbains. Les espèces qui s’épanouissent dans les environnements humains et qui ont perdu une grande partie de leur peur des humains sont dites synanthropiques. Dans ces paysages urbains, les écureuils se font parfois une mauvaise réputation en endommageant les cultures céréalières, les mangeoires pour oiseaux et les poubelles dans leur quête de nourriture.
Situation et menaces
Bien que la plupart des espèces d’écureuils présentes au Canada figurent sur la liste des espèces de préoccupation mineure de la liste rouge de l’UICN, l’une d’entre elles, la marmotte de l’île de Vancouver, est en danger critique d’extinction. Avec seulement deux sous-populations restantes, soit environ 250 individus au total, moins de 10 km2 d’habitat viable combiné à une déforestation continue, cette marmotte est exposée à un risque très élevé d’extinction dans un avenir prévisible. En 2003, il ne restait que 30 marmottes sauvages. Des efforts de conservation sont en cours, mais il reste beaucoup à faire pour préserver l’espèce.