Environnement Canada a conçu l'indice de rigueur du climat pour évaluer le CLIMAT d'un secteur en fonction du confort et du bien-être de la population. L'indice est mesuré sur une échelle de 1 à 100, la note 1 représentant le climat le moins rigoureux et 100, l'autre extrême.
L'indice de rigueur du climat quantifie les aspects défavorables du climat canadien en pondérant 17 agresseurs environnementaux (voir TEMPS) mesurés pour toute l'année et généralement considérés comme extrêmes ou rigoureux. Parmi les agresseurs environnementaux, on trouve les conditions extrêmes de chaleur ou de froid, d'humidité ou de sécheresse et de vent; la piètre qualité de l'air; la lumière du jour ou l'obscurité prolongées; les précipitations prolongées ou intenses, le BROUILLARD, la visibilité réduite; la FOUDRE et les phénomènes météorologiques violents comme les ORAGES, la poudrerie et les précipitations verglaçantes.
L'indice de rigueur du climat tient compte de quatre facteurs importants qui sont les plus étroitement liés au stress environnemental : l'inconfort de l'hiver et de l'été, l'effet psychologique, le degré d'exposition d'un endroit aux risques naturels et les contraintes qui s'exercent sur la mobilité extérieure. En raison de son importance dans notre vie quotidienne, le confort est considéré comme le principal facteur qui influe sur l'indice de rigueur du climat, car il détermine comment nous nous habillons, comment nous nous sentons, si nous allons nous déplacer et par quel moyen, et si nous travaillons et nous divertissons efficacement. L'état psychologique et les risques naturels sont des facteurs complémentaires mais jugés de moindre importance que le confort, parce qu'ils sont généralement associés à des phénomènes moins fréquents ou plus éphémères. Et bien que les conditions météorologiques limitent les déplacements, surtout en hiver, les contraintes sur la mobilité s'avèrent un facteur moins important que les trois autres à titre d'élément perturbateur intervenant toute l'année.
Facteur d'inconfort
L'hiver au Canada est la période la plus éprouvante de l'année. Selon Statistique Canada, 108 personnes en moyenne meurent de froid chaque année, tandis qu'on attribue 17 décès à tous les autres phénomènes naturels comme la foudre, les tempêtes, les INONDATIONS, les vagues de chaleur, les TREMBLEMENTS DE TERRE et les raz de marée. Au Canada, les écarts de températures sont les plus marqués en hiver tandis qu'ils sont peu importants en été au sud du cercle polaire arctique.
Trois éléments servent à définir l'inconfort de l'hiver. Ces sous-facteurs sont le degré de froideur (REFROIDISSEMENT ÉOLIEN) ainsi que la durée et la rigueur de l'hiver. Le refroidissement éolien est un indice reconnu lié à la perte de chaleur et aux lésions dues au froid chez les humains et qui reflète l'effet combiné d'une basse température et de VENTS forts. La durée de l'hiver équivaut au nombre de mois où les températures moyennes quotidiennes sont inférieures à 0°C, tandis que la rigueur de l'hiver est déterminée par la température moyenne quotidienne du mois le plus froid.
Quatre facteurs servent à définir l'inconfort de l'été : la durée de la saison (c'est-à-dire le nombre de mois où les températures moyennes quotidiennes sont de 10°C ou plus), le degré de chaleur de l'été (c'est-à-dire la température maximale quotidienne moyenne du mois le plus chaud), l'indice humidex et l'humidité.
L'humidex est un indice accepté de l'inconfort de l'été. Le pourcentage moyen de jours ayant une valeur d'humidex de 30°C pendant une heure ou plus au coeur de l'été sert d'indicateur de chaleur. Certaines personnes souffrent d'inconfort à une valeur d'humidex de 30°C (en bas de cette valeur, presque tout le monde est à l'aise). On peut définir l'humidité à l'aide de la différence psychrométrique moyenne en juillet, c'est-à-dire la différence entre la température du thermomètre sec et celle du thermomètre mouillé d'un psychromètre. Plus la différence est petite, plus le temps est « étouffant » ou humide.
Effet psychologique
On blâme le temps qu'il fait pour une foule de malaises d'ordre psychologique. Les symptômes comprennent la fatigue, la dépression, l'irritabilité, la perte de sommeil, le manque de concentration, les maux de tête, la nervosité générale, la tendance à oublier, la photophobie et les douleurs thoraciques et articulaires. On attribue souvent aux conditions climatiques la cause de périodes de névrose de solitude ou monotonie générale éprouvées par les travailleurs en isolement.
Les principaux éléments climatiques qui ont un effet psychologique sur les gens et qui peuvent être analysés à partir de données météorologiques de base sont la longueur du jour en hiver, le nombre annuel d'heures d'ensoleillement, le nombre annuel de jours de précipitations mesurables et la fréquence des heures de brouillard.
Les longues périodes d'obscurité caractéristiques des hivers sous de hautes latitudes sont reconnues pour être particulièrement nuisibles, agissant défavorablement sur l'humeur, les attitudes et le comportement. La plupart du personnel qui a vécu dans l'Arctique pour une longue période indique spontanément que l'obscurité totale durant 24 heures par jour est particulièrement débilitante. Certains suggèrent même que l'inverse en été, les jours de 24 heures de clarté continue, est épuisant par moments.
L'ensoleillement a des répercussions physiologiques et psychologiques importantes. Un temps clair et ensoleillé, spécialement s'il survient à la fin d'un long épisode de ciel couvert, peut s'avérer mentalement stimulant. De fréquents jours de pluie ou de brouillard peuvent démoraliser. C'est surtout vrai pour les résidants du Nord, qui se sentent découragés s'il se produit souvent des précipitations lors des plus chaudes journées de l'année, car ils doivent endurer un long hiver avant de jouir de quelques jours de temps estival chaud.
Risques naturels
Les éléments du climat peuvent, seuls ou ensemble, causer des blessures et provoquer la mort sur une grande étendue, et occasionner des dommages aux biens et à l'environnement. Les inondations et les BLIZZARDS en sont des exemples évidents et peuvent perturber sérieusement des localités entières. Un refroidissement éolien important en hiver et une chaleur et une humidité excessives en été constituent également un danger.
L'exposition générale d'une localité aux risques naturels peut se mesurer d'après les chutes de neige moyennes en hiver et la fréquence de trois autres éléments : les vents forts, les orages et la poudrerie. Ces phénomènes peuvent provoquer toute une gamme d'épreuves personnelles, comprenant la mort, des blessures, des activités sociales et des rendez-vous d'affaires manqués, des retards dans les services et d'autres privations. Les orages en particulier sont de bons indicateurs de phénomènes météorologiques violents, produisant par exemple de la GRÊLE, des bourrasques et des TORNADES. La poudrerie et les rafales de neige créent des conditions de déplacement extérieur dangereuses, plaçant les voyageurs dans des situations périlleuses et précaires. En fait, toute activité extérieure devient extrêmement hasardeuse si des conditions de visibilité presque nulle dans les rafales de neige s'accompagnent d'un refroidissement éolien important. Dans de telles conditions, il est arrivé que des fermiers se perdent et meurent de froid en tentant de se rendre de la grange à la maison.
Mobilité extérieure
Le mauvais temps nous empêche de voyager, de nous déplacer pour aller au travail, à l'école et faire les courses. On a déterminé trois sous-facteurs limitant les déplacements extérieurs et l'accessibilité : l'accumulation de neige totale, la visibilité réduite et les précipitations verglaçantes. Au Canada, il faut tenir compte des chutes de neige pour évaluer la possibilité de se déplacer à l'extérieur, à pied ou en véhicule. Les précipitations verglaçantes limitent toute forme de transport, tant la marche que l'avion. De plus, elles désorganisent complètement les communications lorsqu'elles provoquent le bris des fils téléphoniques et électriques.
Indice de rigueur du climat
L'indice de rigueur du climat, calculé pour 146 emplacements d'aéroports au Canada, équivaut au total pondéré des points attribués à 17 éléments météorologiques en fonction de leurs extrêmes, de leur intensité et de leur durée. Par exemple, une station où les hivers sont longs (températures quotidiennes moyennes inférieures à 0°C durant 10 mois ou plus) obtient tous les points pour la longueur de l'hiver, tandis qu'une autre où ce critère ne s'applique à aucun mois se voit attribuer 0 point pour ce sous-facteur. La somme des 17 sous-facteurs pour chacun des 4 facteurs principaux, pondérée selon l'importance de chacun des facteurs, donne le degré de rigueur du climat pour cette station. L'indice de rigueur du climat est composé de telle façon que les valeurs s'approchant de 100 indiquent la rigueur la plus élevée.
Au Canada, la majeure partie septentrionale des îles de la Reine-Élisabeth, à l'exception de quelques lieux abrités, ont la rigueur la plus élevée, les quatre facteurs présentant des valeurs élevées. Le reste de l'archipel Arctique, les côtes de la mer de Beaufort, le District de Keewatin, le Nord du Manitoba, la côte ontarienne de la baie d'Hudson, la péninsule d'Ungava et les rivages du détroit d'Hudson au Québec et au Nordlabrador ne sont que légèrement moins rigoureux.
Les valeurs quant à la rigueur du climat sont beaucoup plus basses dans le reste du Canada. Victoria (13) et Penticton (16) sont parmi les endroits habités au Canada qui jouissent des climats les plus agréables. Les climats de Medicine Hat (29) et de Lethbridge (33) sont relativement doux.
Le tableau présente les valeurs de l'indice de rigueur du climat pour certaines grandes villes canadiennes. Il démontre ce que les résidants de Victoria ont toujours su : qu'ils jouissent du meilleur climat au pays. St. John's (56) remporte la palme de la ville au climat le plus rude. L'honneur d'avoir le pire climat du Canada échoit à un endroit qui n'existe plus, la station météorologique d'Isachsen, dans les Territoires du Nord-Ouest (voir STATIONS MÉTÉOROLOGIQUES DE L'EXTRÊME-ARCTIQUE), dont l'indice de rigueur s'élevait à 99. Isachsen a été fermée en 1978.
Indices de la rigueur du climat en certaines endroits
Station météologique | Indice (/100) |
Alberta | |
Calgary | 35 |
Edmonton | 37 |
Fort McMurray | 46 |
Lethbridge | 33 |
Colombie-Britannique | |
Kamloops | 20 |
Penticton | 16 |
Prince George | 38 |
Vancouver | 19 |
Victoria | 15 |
Manitoba | |
Churchill | 82 |
Flin Flon | 49 |
Winnipeg | 51 |
Nouveau-Brunswick | |
Fredericton | 41 |
Moncton | 47 |
Saint John | 48 |
Terre-Neuve | |
Gander | 56 |
St John's | 59 |
Territoires du Nord-Ouest | |
Inuvik | 53 |
Yellowknife | 57 |
Nouvelle-Écosse | |
Halifax | 47 |
Sydney | 50 |
Yarmouth | 40 |
Nunavut | |
Alert | 84 |
Isachsen | 99 |
Ontario | |
London | 41 |
Moosonee | 56 |
Ottawa | 44 |
Sudbury | 54 |
Toronto | 36 |
Windsor | 37 |
Île-du-Prince-Édouard | |
Charlottetown | 48 |
Québec | |
Montréal | 43 |
Québec City | 53 |
Sherbrooke | 43 |
Saskatchewan | |
Regina | 49 |
Saskatoon | 42 |
Yukon | |
Dawson City | 54 |
Whitehorse | 46 |